Billet d’humeur brésilien: JOUR 1

NUMERO 1 : ET SI L’HOMME DU MATCH ETAIT FINALEMENT JAPONAIS?

nishimura

12 Juin 2014- RIO DE JANEIRO- BRESIL-CROATIE.

Premier match de cette coupe du monde aussi attendue par le monde du football que contestée par le peuple auriverde. La compétition enfin de retour à la Mecque du ballon rond plus de 64 ans après la dernière coupe du monde sur le sol brésilien devait débuter par une rencontre savoureuse entre le pays hôte et une valeur sûre du foot européen, la Croatie. Le moins que l’on puisse dire c’est que la physionomie de la partie a laissé plus d’un téléspectateur pantois. Les croates offrent une première sueur froide aux supporters de l’Arena Corinthians. La douche froide arrivera à la 12e minute quand la Croatie ouvre rapidement le score sur une superbe action initiée par un Ivica Olic très remuant laissant sur place Thiago Silva pour un centre qui atterrit directement dans les pieds de…Marcelo qui marque contre son camp le premier but du Mondial 2014. Le Brésil, comme tétanisé par l’évènement et la paradoxale ferveur populaire du stade vue notamment au moment des hymnes passe un premier quart d’heure entre anesthésie et jambes en coton. Timide réaction d’abord initiée par Paulinho et grosse occasion pour Oscar détournée par un Pletikosa qui semblait parti pour faire le match de sa vie. Neymar égalisera sur une frappe totalement écrasée mais qui prend à défaut le gardien au ras du poteau (27’) . La suite on la connait. Pénalty imaginaire provoqué par Fred qui s’écroule dans la surface et Neymar Jr sauveur malgré lui d’une Sélecao « maxi diesel » ce soir, redonne l’avantage . Le tournant du match sans doute pour des croates totalement sortis du match.

Pourtant ces derniers jouaient la partition tactique parfaite au vu de la difficulté du match que le tirage au sort leur a imposé. Rakitic et Modric ont été tour à tour les chefs d’orchestre à la relance, lançant bien souvent les deux fusées Perisic et…le vieux loup de mer de l’Adriatique Olic comme transfiguré depuis son arrivée à Wolfsburg qu’il a failli qualifié en Ligue des Champions cette année (14 buts cette saison). Les deux excentrés ont profité du placement haut des latéraux Marcelo et Alvés souvent pris à revers lors du repli défensif. La défense a bien souvent contenu les assauts d’un Brésil qui a défaut d’être flamboyant, a eu le mérite de s’enhardir pour aller puiser au bout de l’effort une victoire à l’arrache mais au combien importante pour la suite de la compétition. L’arbitre japonais Yuishi Nishimura a surement été l’un des acteurs majeurs de ce match. Certes peut être que même sans ce pénalty, les hommes de Scolari l’aurait finalement emporté. Mais ce scénario est difficile à imaginer tant le 1-1 semblait de plus en plus inéluctable. Pire encore, les joueurs de l’ex défenseur Niko Kovac aurait pu repartir avec quelque chose sans le refus de but égalisateur pour une charge plus que litigieuse d’Olic sur un Julio César passif. Si nous poussons le bouchon encore un peu plus loin, le troisième but d’Oscar dans les arrêts de jeu est probablement entaché d’une faute de Ramires à la récupération du ballon. Beaucoup trop pour une équipe comme le Brésil qui n’a pas besoin de ça pour imprimer sa supériorité. Toutefois la pression d’un match d’ouverture peut orchestrer un trompe l’œil d’une sélection brésilienne qui montera peut être en puissance au fil des rencontres. L’arbitre nippon a déjà arbitré 4 rencontres du mondial 2010 dont le quart de finale Brésil-Pays Bas avec  un arbitrage contestable. Il serait peut être temps de mettre des arbitres tout aussi représentatifs de la cartographie mondiale que compétents, car ces errements de jugement sont structurels. Espérons que la suite de la compétition nous donne des matchs où le sentiment de frustration et d’injustice laissera place à la vérité pure et dure du terrain. Toutefois la bonne nouvelle du soir reste les quatre buts pour ce match d’ouverture, une première depuis 2006 et le feu d’artifice Allemagne-Costa Rica (4-2). Mais l’ « ORDEM E PROGRESSO » inscrit sur le drapeau brésilien semble relever pour l’heure de la promesse, tant au niveau de l’arbitrage que de l’organisation de ce mondial, avec un stade encore inachevé pour l’ouverture de la compétition au niveau de la toiture. Mais trêve de turpitudes : place au spectacle et vendez nous du rêve car c’est avant tout cela que vient chercher le milliard de spectateurs aux yeux rivés sur l’un des plus beaux terrains d’expression de la technique et du beau jeu : le Brésil.

WALID KACHOUR