BILLET D’HUMEUR BRESILIEN: JOUR 8

NUMERO 5 : LES COLOMBIENS EN ROCKSTARS, EL PISTOLERO AGENOUILLE LE ROYAUME

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A l’heure où j’écris ce billet, le match Grèce-Japon vient de s’achever au terme d’une partie insipide. 0-0 et rien d’autre à retenir dans ce match de minuit. A part un carton rouge pour les hellènes peu avant la mi-temps et une possession stérile des Nippons durant l’intégralité de la rencontre. Les deux nations méritent leur statut de bonnets d’âne du Groupe C, et en particulier les Grecs se contentant de défendre, l’un des mots à bannir de ce Mondial 2014.

L’autre match de ce groupe, opposant les deux premiers, la Colombie et la Côte d’Ivoire, a justifié le standing supposé de ces deux nations. La première image marquante est pour moi les pleurs de Serey Die durant l’hymne ivoirien. Superbe image d’un joueur qui témoigne son amour de l’équipe nationale qu’il représente au sommet de la pyramide footballistique. Emouvant, je me sentais presque ivoirien à ce moment là et j’avais envie de l’accompagner dans ses larmes car ce sentiment doit être ressenti par tous les acteurs de ce Mondial, qui sont des privilégiés adulés par tout un peuple. Deuxième image marquante : la marée jaune colombienne envahissant les tribunes lorsque les “Los Cafeteros” disputent un match. Comme lors de la balade face à la Grèce (3-0) le public s’est déplacé en masse comme pour insuffler une aura de folie à cette formation. Vous savez, j’ai le sentiment que chaque match de la Colombie au Brésil équivaut à une représentation des Stones ou des Beatles. A chaque match, le public accompagne les protégés de Perkerman comme de véritables Rockstars du ballon rond. Comme le témoigne les chorégraphies à chaque but. C’est quelque chose d’encore plus profond que le rectangle vert. Comme ne onde partie de Bogota, Cali ou encore Medellin pour transcender les partenaires du lieutenant Mario Yepes à travers le pays du football.

 

Colombian Rockstars
Colombian Rockstars

 

Au-delà de ça, ne première mi-temps vivante entachée de quelques déchets dans la zone de vérité, mais une farouche volonté de jouer en avançant des deux côtés, même si le score est resté nul et vierge malgré une domination aux poings des colombiens. La deuxième mi-temps a emballé le match, avec l’ouverture du score de James Rodriguez qui balbutiait ses passes en première mi-temps, grâce à un coup de casque sous la barre de Barry à l’heure de jeu. Le deuxième but colombien interviendra une poignée de secondes plus tard, suite à une erreur de…Serey Die surement submergé par l’émotion et qui laisse Gutierrez servir Quintero pour le 2-0. Le match semble alors plié. C’est sans compter sur une facétie du transfiguré Gervinho version AS Roma de Rudi Garcia. Au terme d’un numéro de soliste, l’ancien joueur du Muc 72 trompe Ospina au ras du poteau sur la gauche de la surface. Trois buts en moins de dix minutes donc et un quart d’heure encore à disputer. Fin de match sous tension qui verra les Eléphants pousser pour arracher un nul qui n’aurait pas totalement été immérité. Mais une fois de plus, les standards sont respectés : trois buts, du jeu, de la folie, des supporters au rendez-vous, du panache et de la tactique culottée. Voilà comment prendre son pied pendant 90 minutes en étant tout seul.

Rien à ajouter à part magnifique.
Rien à ajouter à part magnifique.

La grande affiche de 21h opposa deux nations notables du football mondial cumulant 3 coupes du monde, l’Uruguay et l’Angleterre. Les deux formations étaient déjà au pied du mur suite à leur défaite. L’interrogation autour de l’Albiceleste résidait autour du cas Suarez insuffisamment remis de sa blessure lors de la déroute face au Costa Rica et incertain pour le « Crunch » face aux anglais. Tabarez a joué la carte de l’intox en conférence de presse en restant vague et dubitatif sur son attaquant phare :

 SI et je dis bien SI Suarez joue ce soir, car ce n’est pas sûr, ne vous attendez pas à le voir jouer au niveau auquel il a évolué cette saison 

Oscar Tabarez, Sélectionneur de l’Uruguay.

Le Three Lions était donné favori au vu de la prestation plus qu’honorable proposée lors du premier match contre l’Italie (1-2). Et pourtant…l’Uruguay a la mini surprise générale l’emportera finalement 2-1 avec un doublé de…Luis Suarez, attendu comme le Messie et finalement sauveur au bout du suspense de la patrie uruguayenne. La star a justifié son statut, et offre un sursis à l’Albiceleste qui jouera un 16e de finale face à l’Italie lors du dernier match de poules.Au terme d’un match regrettable pour l’Angleterre qui a encore eu la mainmise sur le ballon, concédant l’ouverture du score à la 40e minute sur l’unique occasion concédée d’un coup de casque plein de malice de Suarez profitant d’une action orchestrée par l’ouverture lumineuse de son alter égo de Salto, Edinson Cavani. Les joueurs d’Hogdson ont eu deux occasions plus que nettes par l’intermédiaire de Wayne Rooney qui a caressé une merveille de coup franc faisant la bise à lucarne de Muslera ainsi qu’une tête à 10 centimétres du but qu’il rabat sur la barre… A ce moment-là , le Mancunien en est toujours à 0 but en 3 Coupes du Monde. Mais l’enhardissement des british s’avère payant et récompensé, comme si cela était la fable de ce mondial : « l’attaque paiera toujours à un moment ou à un autre ». Egalisation de…ROONEY qui plante sa première banderille dans le tournoi international à la 75e minute. Je me dis à ce moment-là que l’Uruguay va plier sous les assauts anglais. Car tout au long du match, l’Albiceleste n’a proposé qu’une ébauche de football, basé principalement sur la grinta du milieu de terrain symbolisée par la sentinelle Arevalo Rios. Parfois à la limite de l’agaçant, jouant les touches au ralenti et se contentant de défendre, avec un arbitre au sifflet facile et parfois mal dosé, la tactique déployée par les sud-américains finira par payer puisque El Pistolero dégainera sa dernière cartouche pour fusiller Hart à cinq minutes de la fin. Trop dur pour les joueurs du Royaume qui ont couru pendant 35 minutes après le score et qui n’ont pas trouvé le ressort mental pour ramener un point capital dans l’optique de la qualification plus que compromise voire définitivement entérinée si l’Italie ne gagne pas à 18h. Suarez a donc offert à lui tout seul une finale à l’Uruguay face à l’Italie lors de la dernière journée, rien que ça. Toujours aussi agaçant, jouant la faute grossière parfois à la limite de la simulation, aux antipodes de l’esprit qui règne dans ce mondial. Mais diaboliquement efficace à l’issue du match, ce qui lui donne presque ou toujours raison comme l’atteste sa saison monstre a plus de 30 buts avec Liverpool. Arrogant aussi comme lorsqu’il dit qu’il «n’a rien à prouver aux anglais car ils savent déjà qui je suis » lors de l’avant match. Nous retiendrons donc que ce n’est pas toujours le plus « beau » qui gagne, même si l’Angleterre n’a pas réalisé le match parfait loin de là, conjuguant naïveté et inexpérience en attaque malgré un potentiel talent monstre, avec Sterling et Sturridge notamment. Toutefois les anglais ont montré un jeu nettement plus séduisant dans le domaine offensif. Je me dois de souligner la pure intox de Tabarez puisque Suarez a usé la charnière par son jeu dos au but et ses appels dans la profondeur et faisant preuve d’un sans faute dans le un contre un face au but. L’Uruguay a fait de l’Uruguay : vice, malice, mais aussi sa « grinta », faisant office de véritable signature tactique avec une défense vaillante et un milieu colmatant les brèches pendant 90 minutes. Et biensur la dose de talent nécessaire symbolisée par qui vous savez. Cette équipe m’a par moments énervée par son opportunisme, mais ce critère est malheureusement mais heureusement une qualité de ce sport. Comme ce soir ou lors du Quart de Finale en 2010 où il a privé le Ghana d’une demi-finale historique par son antijeu, El Pistolero est peut être finalement le génie que les puristes adorent détester, jouant des coups de poker menteur qui lui donnent encore une fois raison. Et je peux prouver ce que j’avance puisque L’Uruguay a joué sa dernière cartouche dans ce Groupe mais Suarez a quand même trouvé le moyen de dégainer à deux reprises.

Surréaliste ? Non. Juste GENIAL.

Walid KACHOUR (@WalidKachour)